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Un chasseur laisse son numéro sur un arbre et devient un héros

07/11/2018
Etrembières, Bossey, Collonges
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Dans cette histoire de secours en montagne, il n’y a pas de téléphone dernier cri, ni de supers applications de géolocalisation. Non, il y a juste un homme de 75 ans, qui malgré son vieux téléphone (qui ne fait même pas appareil photo), a eu la bonne idée de laisser son numéro sur des arbres en pleine forêt dans le Salève.

En semant « des étiquettes », comme il les appelle, accrochées sur des arbres à chaque début de sentier, Guy Servage, ne pensait pas devenir le héros de ces dames en détresse. Et, pourtant.

« Je ne comprenais rien. Elles ne parlaient pas français… »

Lundi soir, le peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) a déployé un important dispositif de recherches au sol afin de retrouver trois randonneuses chinoises (NDLR : lire notre article dans notre édition d’hier) âgées d’une vingtaine d’années.

Dans un brouillard dense, les trois jeunes femmes, étudiantes à Lille et en vacances à Genève, ont quitté le sentier et se retrouvent perdues. C’était vers 17 heures. Elles décident alors de se tourner vers Dame nature. Elles appellent un numéro de portable qu’elles trouvent gravé sur un arbre. À l’autre bout du fil, surprise, un chasseur décroche. Guy Servage. Nous l’avons retrouvé hier, près de sa commune natale, Étrembières, à côté d’Annemasse.

« Quand j’ai reçu l’appel, je ne comprenais rien. Elles ne parlaient pas français. J’ai vite compris, à leur façon de parler, qu’elles étaient chinoises et qu’elles étaient perdues », raconte Guy Servage.

« J’ai appelé alors le 18 en me disant qu’il y allait bien avoir un pompier qui allait savoir parler anglais ! ». C’est comme ça, que le PGHM a été déployé. Et, qu’à 22 heures, les trois randonneuses ont été retrouvées saines et sauves.

Voilà maintenant une dizaine d’années que Guy Servage, président de l’Association intercommunale de chasse agrée des communes d’Étrembières, Bossey et Collonges, a pris l’initiative de parsemer un peu partout son numéro dans les bois.

Il avait déjà aidé des Suissesses à retrouver leur chemin

« Je ne sais pas si c’est courant de faire ça en tant que chasseur, en tout cas, moi je l’ai fait à la base pour que les gens puissent me téléphoner s’ils trouvaient des animaux sauvages blessés ou morts. Si on m’avait dit à l’époque, que cela permettrait à des randonneurs de se sortir d’un mauvais pas, je ne l’aurai pas cru. »

Et ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. C’était il y a deux ans. Toujours avec des randonneurs. Encore des femmes. « Cette fois, elles parlaient bien français. C’était des Suissesses. J’ai pu grâce à leurs indications reconnaître l’endroit où elles s’étaient perdues et leur indiquer comment regagner le sentier. Elles m’ont rappelé ensuite pour me remercier », glisse le chasseur. Avec toutes ces émotions, ses yeux deviennent d’un seul coup humides. Bien malgré lui. « J’ai toujours été un grand sensible », confie-t-il. « Et pour une fois qu’on parle en bien des chasseurs… »

Guy Servage prévoit prochainement de retourner mettre à jour toutes ses étiquettes laissées sur les arbres. « Elles ont vieilli à force et se sont abîmées. Si cela peut encore être utile. »

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